Cérémonie des vœux 2013
Le groupe Front de gauche PCF-GU-AC tenait jeudi 31 janvier la cérémonie des vœux pour la nouvelle année 2013. Merci aux 200 présent-e-s, à tous les militant-e-s associatifs, syndicaux, politiques qui ont fait le déplacement pour poursuivre et amplifier notre travail commun. Pour les autres, vous retrouverez le discours de Gabriel Massou, président du groupe, en vidéo et par écrit.
Bienvenue à toutes et tous !
C’est au nom de tout le groupe que je vous remercie d’être venus à cette cérémonie des vœux.
Je tiens à vous présenter dès le début de ce discours les 15 élus du groupe, car si je suis leur porte-parole ce soir, c’est bien les 15, toutes et tous ensemble, qui construisent l’histoire que je vais vous raconter.
Vous l’avez vu avec l’invitation, nous avons décidé de placer notre cérémonie des vœux sous le signe de l’égalité. La question est évidemment brûlante d’actualité : beaucoup d’entre nous manifestaient dimanche pour mettre fin à cette injustice qu’est l’inégalité devant la loi entre couples de même sexe et de sexes différents.
L’égalité, c’est un peu notre patrimoine génétique. Des politiques d’aménagement aux politiques éducatives, des politiques sportives au pass Navigo unique, nous avons fait de la lutte contre les inégalités sociales, sociétales, territoriales et environnementales le cœur de nos batailles.
Plus spécifiquement, nous avons choisi de consacrer cette soirée à un des combats essentiels pour notre groupe, un combat qui a particulièrement marqué son actualité en 2012 : celui pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Je sais que beaucoup de militantes et de militants féministes sont présentes et présents dans la salle, et je tiens tout particulièrement à les saluer pour leur engagement.
Parce que les femmes représentent plus de la moitié de l’humanité, parce que la domination patriarcale est une forme terrible d’aliénation contre laquelle nous sommes déterminés à lutter, parce que toutes les avancées en matière d’égalité femmes-hommes sont des facteurs de progrès pour l’ensemble de l’humanité, nous avons choisi d’en faire un de nos combats prioritaires.
Ce n’est bien évidemment pas un engagement nouveau. Il était déjà au cœur de l’action de Claire Villiers comme vice-présidente, qui nous a quittés il y a maintenant deux ans et qui nous manque à tous. L’engagement de la Région se traduit par exemple par la mise à disposition de logements sociaux aux femmes victimes de violences, par la création du Centre Hubertine-Auclert, présidé par Djeneba Keita, ou encore par le dispositif « Jeunes pour l’égalité » mis en place par Henriette Zoughebi.
À l’heure où la crise et l’austérité touchent plus durement encore les femmes, et où dans le même temps le changement de majorité nationale et la création d’un ministère des Droit des femmes suscitent de véritables espoirs, il nous a semblé important de prolonger ce combat.
Ce combat, nous l’avons porté dans l’hémicycle en consacrant tout un rapport — un des trois qu’il revient à notre groupe de présenter dans la mandature — à cette question. Avec des propositions à la fois ambitieuses et concrètes. Je ne vais pas toutes les détailler, mais permettez moi d’en citer quelques unes :
• la création d’un Observatoire régional contre les violences faites aux femmes, véritable lieu régional d’action et de coordination ;
• la mise en place de formations obligatoires à l’égalité professionnelle pour les apprenti-e-s, les formatrices et formateurs d’apprenti-e-s et les demandeuses et demandeurs d’emploi ;
• le lancement d’une campagne annuelle de sensibilisation aux représentations sexistes des métiers ;
• la lutte contre les campagnes de publicité sexistes dans les transports…
Beaucoup de ces propositions rejoignent bien sûr les revendications des associations, mais aussi les annonces faites par la ministre des Droits des femmes.
Nous avons voulu aller plus loin : l’ensemble de ces propositions, nous les avons faites inscrire dans le budget 2013. Et nous nous mobilisons au quotidien pour qu’elles soient mises en œuvre. Car déjà les propositions ambitieuses de la ministre rencontrent un obstacle : l’absence de moyens pour ce ministère « non prioritaire », l’austérité imposée à tous qui les conduit à reporter à plus tard le combat pour l’égalité. Cette logique, nous la refusons, ici comme ailleurs. J’y reviendrai, vous vous en doutez.
Au fond, je crois que ce combat illustre bien l’identité de notre groupe. Quand nous parlons d’égalité femmes-hommes, c’est chacune et chacun qui s’y met : de la formation professionnelle aux sports, des transports aux lycées…
Parce qu’un groupe, c’est bien davantage qu’une collection d’individus qui agissent, chacun dans leur coin, dans leur secteur, leurs commissions, leurs CA de lycées. Ce groupe, que j’ai l’honneur de présider depuis 2004, c’est une aventure collective, humaine, intellectuelle et militante.
Bien sûr, nous ne sommes pas un groupe uniforme. Nous avons des débats, des différences — nous sommes d’ailleurs membres de partis différents. Mais j’ai la conviction qu’au fond, nous portons partout la même démarche.
Notre démarche, c’est d’abord celle d’un groupe qui ne refuse jamais le débat. Ferme sur ses positions, obstiné dans ses propositions, nous ne fermons jamais la porte. Nous avons sans cesse l’ambition de construire des rassemblements les plus larges possibles autour de propositions de changement réel.
Combatifs et coopératifs à la fois, c’est la posture que nous avons adoptée lors du budget 2013.
Combatifs, quand nous refusons catégoriquement de nous laisser enfermer dans le moule de l’austérité. Ici comme ailleurs, nous défendons l’idée que l’austérité n’engendre que l’austérité et qu’elle va à l’encontre des aspirations qui se sont exprimées en mai et juin dernier.
Cette austérité, le gouvernement tente aussi de l’imposer aux Régions : après trois années consécutives de gel des dotations de l’État, on nous annonce de fortes baisses pour 2014 et 2015. Alors que notre région et notre pays ont tellement besoin d’un investissement public renforcé en faveur de l’emploi, de la formation, des transports, alors que les collectivités peuvent jouer un rôle majeur pour la relance et une réorientation de l’activité économique, on voudrait nous faire renoncer au mandat que les Franciliennes et les Franciliens nous ont donné en 2010.
Ne nous y trompons pas : les élu-e-s de la majorité régionale, quelle que soit leur appartenance partisane, vivent difficilement et contradictoirement cette situation. Elles et ils ont, ensemble, ces dernières années, dénoncé et combattu l’austérité imposée par la droite.
C’est en s’appuyant sur cette histoire commune, sur cette culture de débat qui fait l’originalité de cette Région et de sa majorité, que nous avons fait adopter des amendements lors de l’examen du budget 2013 qui ont trouvés leur prolongement dans une adresse de notre Président au gouvernement, qui ne demande rien de moins que la fin du gel des dotations de l’État, la mise en œuvre d’une grande réforme de la fiscalité locale, la compensation de la dette de l’État issue de la décentralisation… et un taux de TVA à 5% appliquée aux secteurs du logement et des transports publics.
C’est un geste politique fort, qui, nous en avons la conviction, constitue un point d’appui pour celles et ceux qui défendent l’alternative à l’austérité, bien au-delà de l’assemblée régionale.
Combatifs et coopératifs, quand nous nous engageons pour l’emploi : l’emploi public, d’abord, en obtenant qu’il y ait 60 créations de postes en 2013 à la Région ; l’emploi de qualité, formé, quand nous nous battons pour intégrer au dispositif des emplois d’avenir des conditions exigeantes de formation, d’insertion et d’accompagnement. Et je veux ici témoigner de notre solidarité aux fonctionnaires en lutte aujourd’hui.
Combatifs et coopératifs, quand nous défendons, là encore avec obstination, l’idée d’une zone unique du pass Navigo au tarif de la zone 1-2.
Il faut dire qu’il en a fallu des débats pour que cette idée fasse consensus dans la majorité régionale. Il reste aujourd’hui à convaincre une majorité de parlementaires. Mais nous ne désespérons jamais. Heureusement car nous étions bien seuls, quand nous l’avons inscrit dans notre programme en 2004. Puis l’idée a fait son chemin. Elle s’est invitée petit à petit chez nos amis de la majorité et il nous a fallu là encore beaucoup de débats et de combattivité pour convaincre que la zone unique ne pouvait pas se faire en augmentant les tarifs des usagers mais par une augmentation de la contribution des entreprises, le versement transport.
C’est dire qu’aujourd’hui nous ne boudons pas notre plaisir quand nous voyons des élus d’autres groupes faire pétitionner pour exiger l’harmonisation du versement transport en Île-de-France pour financer une zone unique au tarif de la zone 1-2 : c’était mot pour mot le programme du Front de gauche, porté par Pierre Laurent, en 2010 ! Nous comptons d’ailleurs sur leur combattivité pour nous aider à convaincre les parlementaires écologistes et socialistes de voter, cette fois, cette proposition au Parlement. Après deux rendez-vous ratés en 2012, nous aurons l’occasion d’avancer enfin sur ce dossier essentiel dès le 27 février prochain, à l’occasion d’une proposition de loi déposée par notre groupe au Sénat.
Et si les parlementaires restent sourds à notre idée le gouvernement n’a qu’à, dans la loi de décentralisation, comme le demande la majorité régionale, transférer au STIF, donc aux collectivités, la maitrise du versement transport.
En disant tout cela, je me dis que vous nous trouvez peut-être un peu présomptueux. Ainsi, nous serions tellement convaincant-e-s que personne ne nous résisterait ?
Je vous rassure : nous restons très lucides et sur nos talents de conviction, et sur notre nombre.
Mais la force que nous avons nous la tirons de vous, de celles et de ceux qui nous ont soutenus en 2010. Nous la tirons de toutes celles et ceux, militantes et militants associatifs, syndicaux, politiques, intellectuel-le-s, élu-e-s locaux, qui se mobilisent au quotidien sur des sujets aussi essentiels pour l’avenir de notre région et de notre pays que la formation, les transports, l’égalité femmes-hommes, les droits des sans-papiers, le sport, la culture…
Sans doute le Grand Paris Express en a-t-il été le meilleur exemple, car c’est bien la conjugaison de mobilisations citoyennes et politiques, d’engagements d’élu-e-s locaux qui a fait naître et évoluer le projet avec la cohérence qu’il a aujourd’hui, avec ses 72 stations, ses deux branches à l’Est, le prolongement de la ligne 14 au sud…
Et des mobilisations, il en faudra à nouveau, et nous en serons, pour que ce projet indispensable aux Franciliennes et aux Franciliens ne soit pas dévoyé au nom de l’austérité. Je veux redire ici que le rapport Auzannet est pour nous un mauvais rapport, qui ne répond qu’à un seul objectif : réduire d’urgence la dépense publique. Nous serons donc extrêmement attentifs aux annonces que doit faire le Premier ministre en février, et nous comptons sur vous pour les batailles indispensables qui s’engagent.
Dans ce va et vient permanent entre institution et mouvement social et intellectuel, il n’est pas question pour nous d’établir une quelconque hiérarchie. Notre objectif n’est ni d’être le donneur d’ordre, ni d’être celui qui les reçoit. Nous croyons bien davantage qu’il s’agit de coopérer, de confronter, de réfléchir, de lutter ensemble pour faire émerger des alternatives.
C’est ce que nous avons fait en organisant, en octobre dernier, une initiative en direction du monde de l’éducation. Nous allons continuer le dialogue avec eux, avec vous qui êtes d’ailleurs très présent-e-s ce soir.
C’est la démarche qui a été la nôtre, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans la révision du Schéma directeur de l’Ile-de-France qui vise à poser les bases de l’aménagement de la métropole pour les années et même les décennies à venir.
Révision qui a permis d’y faire inscrire, de façon plus forte encore qu’en 2008, notre conception d’une métropole solidaire, d’un nouveau mode de développement, et des enjeux essentiels comme l’industrie, le logement ou la formation.
Nous allons poursuivre. Les enjeux autour de l’acte III de la décentralisation sont décisifs. Nous devons avoir une réflexion plus approfondie et mieux partagée entre élu-e-s, militant-e-s, intellectuel-le-s sur ces questions, sans jamais les dissocier des enjeux concrets du logement, des transports…
Je veux saluer à ce titre l’initiative du Front de gauche thématique ville habitat qui se déroulera demain à la péniche Petit bain dans le 13e arrondissement, où plusieurs d’entre nous interviendront.
Nous prendrons aussi en tant que groupe des initiatives destinées à poursuivre l’élaboration et les combats collectifs, avec notamment une rencontre en avril autour des enjeux de Grand Paris et de la décentralisation.
Cette démarche que j’évoque, je sais que nos deux vice-présidentes et vice-présidents, Francis Parny aux sports et Henriette Zoughebi aux lycées, la partagent pleinement et la font vivre. C’est là une grande force de notre groupe.
Francis la met en œuvre quand il anime les travaux de la Conférence régionale du sport, quand il y travaille, concerte, réfléchit avec les associations sur la meilleure façon de soutenir les clubs et les ligues, de soutenir les initiatives d’insertion par le sport, de sport santé, de formation, de mixité ou de pratiques sportives féminines. Je sais que vous connaissez aussi sa ténacité, c’est elle qui a permis d’inscrire le financement du projet de la base de loisirs de Vaires-sur-Marne. Un investissement de 65 millions d’euros public générateur d’emplois avec 20 000 journées de travail.
Henriette la met en pratique aussi au quotidien. Le plan prévisionnel d’investissement dans les lycées sur dix ans qu’elle a fait voter en novembre dernier en est la preuve. Ce plan est traversé de part en part par l’objectif d’une école de l’égalité, de la réussite de toutes et tous, de la lutte contre les inégalités sociales, territoriales et scolaires. Si de tels objectifs ont pu être inscrits au cœur de ce plan, c’est parce qu’il est le fruit d’une concertation poussée avec les syndicats, qui l’ont très majoritairement approuvé, les communautés scolaires, les lycéennes et les lycéens. Déjà, il commence à faire bouger les lignes au niveau national, puisque le gouvernement s’apprête à s’engager à nos côtés pour le développement des internats de proximité, en rupture avec la politique du gouvernement précédent des internats d’excellence. D’autres chantiers essentiels sont encore devant nous, comme celui de la généralisation du quotient familial avant 2014.
L’année 2012 n’a pas été de tout repos, 2013 ne sera pas moins chargée ! Et je ne vous parle même pas de 2014 avec les échéances des municipales et des européennes.
Élus régionaux et élues régionales, nous assumons totalement nos responsabilités et nous avons fort à faire dans cette grande collectivité de plus en plus présente et lisible. Mais nous sommes indissociablement des militantes et des militants, et à ce titre nous nous inscrivons pleinement dans les combats nationaux et internationaux.
Je voudrais ici en citer deux.
Le premier, c’est la signature, en septembre dernier, d’un accord de coopération entre la région Île-de-France et le gouvernorat de Jérusalem-Est, en Palestine. C’est un acte politique fort : un engagement pour la paix, pour le développement, pour le respect des droits des peuples. Il vient consacrer un travail initié dans le mandat précédent par notre regrettée vice-présidente Jeanine Haddad et par notre groupe notamment, à travers l’engagement de Lysiane Alezard. Notre groupe a participé au vote, dès janvier, de financements de projets culturels et sera particulièrement impliqué dans la mise en œuvre de cette coopération.
Il en est un autre sujet qui nous tient à cœur. Nous l’avons mené, avec toute la majorité régionale, contre le précédent gouvernement. Je veux parler ici du combat pour les droits des étrangers, et notamment des sans-papiers.
À l’initiative de Jean-Paul Huchon et d’Henriette Zoughebi, nous avions organisé dans l’hémicycle une cérémonie de parrainage/marrainage de lycéennes et de lycéens sans-papiers que nous avons placés sous notre protection. C’était un beau moment, un acte fort pour une Région qui assume pleinement son rôle politique et sa compétence sur les lycées.
Nous sommes aujourd’hui particulièrement inquiets de la circulaire du ministère de l’Intérieur de novembre dernier. En matière de politiques migratoires, le changement n’est clairement pas au rendez-vous, et ce particulièrement pour les lycéennes et les lycéens majeurs. Inquiets, nous le sommes aussi sur le droit de vote des étrangers, qui devra être un des sujets majeurs de mobilisation pour l’année 2013.
Je souhaite que, comme sur bien d’autres sujets, la majorité régionale continue à se mobiliser, en organisant une nouvelle cérémonie dans les prochains mois. Les militant-e-s avec qui nous travaillons et agissons en permanence sur ces questions sont fortement présents ce soir et je les salue au nom de tous les élus régionaux.
Et pour vous convaincre de la nécessité d’amplifier nos combats dans la situation nouvelle je vais laisser quelques instants la parole à une jeune lycéenne sans-papiers Hawa pour conclure ce discours.
Quant à nous, élu-e-s du groupe, nous vous retrouvons après pour trinquer à la nouvelle année que nous vous souhaitons excellente pour vous, vos familles, vos amis et vos camarades.
Je formulerais un vœu issu de mon expérience à la région : la gauche a besoin de confrontation d’idées, de projets, de solutions. N’ayons pas peur des débats, des idées nouvelles et dérangeantes. L’heure est à l’audace, aux tentatives de changement, d’innovation et de transformation, à l’invention des chemins d’un progrès humain durable. Et, pour cela, construisons des solutions fondatrices, parions sur les intelligences, travaillons à l’union, toujours l’union et encore l’union de celles et de ceux, qui en se réappropriant le politique, décideront ensemble, des choix politiques nouveaux à faire.